La Haute-Savoie est le Département de France métropolitaine qui connait le plus fort taux de croissance démographique. Cadre de vie sympathique, proximité avec la Suisse,
existence d'une industrie de pointe (décolletage) et présence de nombreuses stations de sport d'hiver sont autant de facteurs explicatifs de cette attractivité.
Néanmoins, ce sont de nombreux défis qui attendent les aménageurs pour permettre de garantir un cadre de vie satisfaisant pour tous dont le logement est la priorité.
Bien que la Haute-Savoie soit un territoire de montagne, elle comporte en son sein plusieurs territoires différents et semblables à la fois. Ces derniers ne seront pas
tous confrontés aux mêmes problématiques et les mêmes politiques publiques ne pourront pas être appliquées.
A travers l'exemple des données relatives au logement que l'on peut se procurer sur le site de l'INSEE, l'objectif de ce projet est de montrer comment le recours à des outils de datascience
comme l'analyse en composantes principales et le clustering peuvent compléter une analyse réalisée avec des cartes.
Dans un premier temps une série de carte sera réalisée pour étudier le Département selon plusieurs variables.
Puis dans un second, nous appliquerons aux données une analyse en composantes principales et un clustering.
L'INSEE produit annuellement une enquête logement à partir de la mise à jour du recensement qu'il réalise de manière glissante. Cette enquête produit deux types de résultats :
La Haute-Savoie est une zone touristique et cela se remarque dans sa géographie par une sur représentation des résidences secondaires dans les EPCI de l'est du Département. Pour mémoire, l'INSEE dénombre 500 000 logements en Haute-Savoie, dont 350 000 résidences principales, soit un taux 70% contre 90% à l'échelle française.
Parmi ses résidences principales, la Haute-Savoie compte 4 appartements pour 3 maisons individuelles, en France c'est l'inverse. Avec 4388km2 le Département
est plutôt grand et si sa densité (190hab/km2) est supérieure à la moyenne française, elle reste correcte. Une explication plausible pour la prévalence d'appartements
sur les maisons individuelles est certainement qu'une part de foncier est moins mobilisable que dans d'autres départements (territoire de montagne au relief abrupt).
Au niveau de l'âge du parc de logements, la date de 1990 a été choisie comme pivot entre l'ancien et le récent (existence de la réglementation thermique en 1988).
Dans l'absolu, le taux de logements anciens en Haute-Savoie est moins élevé qu'en France (61% contre 73%). Cela est dû à la présence d'un parc récent près de la frontière suisse (CC Genevois,
CC Pays de Cruseilles, CC Fier et Usses, CC Arve et Salève, CC du Pays Rochois). A contrario, pour la CC Vallée de Chamonix Mont-Blanc et la CC Pays du Mont-Blanc,
le parc de résidences principales construites avant 1990 est important (respectivement 72% et 69%).
Parmi les informations que l'enquête logement de l'INSEE dispose, il y a le nombre de logements occupés depuis moins de n années.
Dans cette étude,
c'est une durée strictement inférieure à 5 ans qui a été choisie pour définir ce qu'est un emménagement récent.
Avec sa croissance démographique importante,
la Haute-Savoie affiche un taux d'emménagements inférieur à 5 ans élevé par rapport à la France (36% vs 33%).
Tous les EPCI ne subissent pas une rotation de leur parc
de la même manière : c'est essentiellement la CC Genevois (avec 42% d'emménagements inférieurs à 5 ans),
les autres EPCI membres du Pôle Métropolitain du Genevois Français
, la CC Cluses Arve et Montagnes ainsi que le Grand-Annecy.
Avec 60% de propriétaires occupants, le Département de la Haute-Savoie est dans la moyenne française.
Les EPCI plutôt urbains ont un taux légèrement inférieur, voire bien
inférieur (CC Annemasse les Voirons 47%). Les EPCI a dominante rurale ont un taux de propriétaires occupants plus important.
A partir de quelques cartes et de ratio nous avons pu dresser un premier portrait de la Haute-Savoie, et repérer quelques ressemblances et dissemblances entre les EPCI. Le problème c'est qu'une carte permet de comparer un nombre limité d'informations à la fois :
Les EPCI se répartissent dans un plan factoriel à deux facteurs :
Profil | Taux-Résidences principales | Taux-Résidences secondaires | Taux-Logements vacants | Taux-Logements anciens | Taux-Maisons individuelles | Taux-Ménages ayant emménagés moins de 5 ans | Taux-Propriétaires occupants | Taux-Locataires | Taux-Locataires-hlm | Taux- Ménages logés gratuitement |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
EPCI_1 | 0,82 | 0,11 | 0,07 | 0,59 | 0,39 | 0,38 | 0,56 | 0,41 | 0,14 | 0,03 |
EPCI_2 | 0,37 | 0,59 | 0,04 | 0,67 | 0,52 | 0,32 | 0,64 | 0,31 | 0,08 | 0,05 |
EPCI_3 | 0,74 | 0,19 | 0,08 | 0,64 | 0,65 | 0,30 | 0,70 | 0,27 | 0,08 | 0,03 |
EPCI_4 | 0,88 | 0,05 | 0,07 | 0,52 | 0,61 | 0,33 | 0,70 | 0,28 | 0,08 | 0,02 |
L'analyse cartographique a permis de produire une série de cartes illustratives intéressante.
Mais grâce au clustering et à l'analyse en composantes principales, des EPCI éloignés sur le plan géographique se révèlent proches par leurs caractéristiques. Il y a un intérêt pour eux ou
pour les services de l'Etat de faire un rapprochement au niveau des problématiques rencontrées et des politiques publiques à appliquer.
Ces outils ne sont pas non plus parfaits.
Par exemple l'EPCI Faucigny-Glières se retrouve dans le groupe des EPCI urbains alors qu'il fait seulement 27 000 habitants contre 40 000 à 200 000 pour les autres.
L'EPCI Vallée de Chamonix Mont-Blanc est bien dans le groupe des stations de ski, mais même dans celui-ci ses caractéristiques le rendent atypique.
De manière générale, si d'autres variables avaient été prises en compte, les axes factoriels et les groupes auraient été différents.
Comme tout outil d'analyse, ce qui importe ensuite est l'usage qui en est fait avec les acteurs du territoire afin de compléter le diagnostic.